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Que faire contre la pollution aux particules? Artcile co-écrit par Bertrand Delaisi, Pneumo-pédiatre à la clinique Marcel Sembat

le 20/12/2019

Globalement en Ile-de-France, les particules PMfiO et les PM 2,5 diminuent, mais à Paris, nous sommes au-delà des seuils recommandés par l’OMS (l’organisation mondiale de la santé), notamment autour des écoles parisiennes », constate le docteur Bertrand Delaisi.
Plus précisément concernant la pollution de l’air par les particules du trafic routier, l’Anses a publié en juillet 2019 son expertise après avoir décortiqué 160 nouvelles études sur le sujet : cette pollution est en effet un vrai problème de santé responsable en partie des 48 000 morts prématurés (en dehors du tabac) par an, et ce chiffre est en augmentation depuis 30 ans. Les pathologies sont autant respiratoires que cardiovasculaires. Les composants les plus problématiques sont les particules ultrafines et les produits pétroliers. De plus, l’Anses conseille plus de recherches sur les particules issues de l’agriculture, du transport maritime et de l’activité aéroportuaire car cela multiplie les effets nocifs sur la santé. Question : la réglementation européenne doit-elle se conformer à la recommandation de l’OMS ? En effet, pour les particules PM10, le seuil réglementaire européen est fixé à 40 µg/m3 quand l’OMS recommande 20 µg/m3. Pour les PM 2,l, le seuil européen est à 2l µg/m3 quand celui de l’OMS est beaucoup plus bas : à 10 µg/m3. Les particules ultrafines, les petites nouvelles. Le docteur Delaisi explique : « Nous n’avons pas d’historique car “PM 0,1” est un nouvel intrus que l’on mesure depuis peu de temps. Le diesel et l’essence émenent des particules ultraßnes (les PUF) mais nous ne savons pas si nous sommes sur une forte augmentation de l’exposition à ces particules. Inférieures à 0,1 micromètre, ces minuscules particules vont au fond de l’alvéole du poumon et elles peuvent être libérées dans la circulation sanguine, et cela peut être transporté partout dans l’organisme. Les conséquences se situent notamment au niveau des systèmes cardiovasculaire, hépatique, cérébral… Ches les enfants, nous savons qu’une catégorie de particules ultraßnes (de 20 à 30 nanomètres) a des conséquences cardiovasculaires sur la tension artérielle (d’après une étude sur 130 enfants entre 6 et 12 ans). Mais les recherches demandent d’être largement a¶nées. » Concernant l’asthme, le docteur Delaisi constate que les indicateurs épidémiologiques sont stables depuis 20 ans en France. En revanche, il a vu augmenter en 20 ans de carrière les cas de toux chronique ches les enfants, et cette pathologie numéro 1 en pédiatrie s’aggrave pendant les pics de pollution. Il estime qu’il y a peut-être une  corrélation avec la pollution aux particules fines  et ultrafines.

Les masques sont-ils efficaces ?

D’après le docteur Delaisi, les seuls masques e@caces sont les masques chirurgicaux FFP3 (la norme la plus rigoureuse). En prévention, ils peuvent être portés par les parents ou les proches enrhumés (ou atteints par un virus), pour protéger les enfants fragilisés par des problèmes respiratoires chroniques. En revanche, ils ne protègent pas contre la pollution extérieure.
10 millions de personnes en France souffrent de maladies chroniques et 90 % d’entre elles ont une cause environnementale.

Attention à l’air intérieur

« Le premier polluant domestique en France pourvoyeur de particules ßnes et ultraßnes, c’est le tabac, et à lui seul, il cause 7l 000 décès par an en France », nous précise le docteur Jean-Philippe Santoni. Il poursuit : « Nous passons globalement 7l % de notre temps dans les atmosphères intérieures, et l’air y est l à 8 fois plus polluée. Après le tabac, la pollution est émise par les produits d’aménagement, les revêtements (avec les peintures à particules ßnes par exemple), les sprays ménagers pour nenoyer les fours ou les moquenes. » Certaines populations sont beaucoup plus sensibles que d’autres : les nouveau-nés, les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées, ainsi que les personnes sujettes aux maladies respiratoires et cardiaques. Aujourd’hui, on accuse les particules ultrafines d’engendrer un retard de développement ches certains enfants, avec un petit poids de naissance notamment. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Anses : « Les nouvelles indications concernant la santé neurologique et la santé périnatale suggèrent un eflet du carbone suie et des particules ultraßnes – notamment les PM 2,l issues du traßc routier – sur le développement des performances cognitives de l’enfant, ainsi qu’un eflet du carbone suie sur le faible poids de naissance. »
 

Comment réduire les sources des polluants chez soi ?

À la Fondation du Souffie, les professionnels de santé conseillent le « Do it yourself » (DIY) pour maitriser de A à \ les produits ménagers. Et se débarrasser une bonne fois pour toutes des produits classiques bourrés de toxiques (parfums de synthèse allergisants, parabens, conservateurs, phosphates…). Donc, faites vous-même tous les nettoyants pour faire briller et assainir la salle de bain, la cuisine, les toilettes, le four, le réfrigérateur… Très important : éliminer toutes les moisissures sources de pollution. C’est très simple, très sain et très peu cher : il su@t de se munir de bicarbonate de soude, de vinaigre blanc et de  savon noir (ou du savon de Marseille). Concernant les peintures, il existe aujourd’hui des peintures écologiques. Autre détail qui a son importance : l’aération quotidienne des pièces, et en particulier quand on cuisine.
Merci à nos deux experts, le docteur Bertrand Delaisi, pneumo-pédiatre à la Clinique Marcel Sembat et le docteur Jean-Philippe Santoni, pneumologue à la Fondation du Souffle.
 
 
JE SURFE SUR…
  • lesouffle.org : la fondation du souffle rassemble les professionnels impliqués dans la lutte contre les maladies respiratoires.
  • respire-asso.org : l’association nationale pour la prévention et l’amélioration de la qualité de l’air.
  • anses.fr : l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.